Eternellement Pailladin
La mort de Stéphane Paille est un grand choc pour le monde du football français. Difficile en effet de voir un homme de 52 ans foudroyé par la maladie. Son nom associé à celui d’Eric Cantona est synonyme de deux choses pour le supporter montpelliérain bientôt quadragénaire. La victoire des Espoirs lors du championnat d’Europe en 1988 et une attaque de feu constituée par les deux grands espoirs du foot français. Un succès (3-0) lors de la finale retour contre la Grèce et un premier sacre continental qui constituait une immense bouffée d’air pur dans un foot français à la rue après la retraite internationale de Platini en 1987. Une équipe de France A dans le creux de la vague qui manqua les Coupes du Monde 1990 et 1994.
La simple évocation des joueurs constituants cette équipe espoirs vous donnera forcément des souvenirs: Bruno Martini, Claude Barrabé, Jocelyn Angloma, Alain Roche, Laurent Blanc, Franck Silvestre, Eric Cantona, Vincent Guérin, Franck Sauzée, Eric Cantona. Des noms qui pour beaucoup ont fait la fierté de notre club. Avec en point d’orgue une qualification (2-2) à Highbury en 1/2 finale retour contre l’Angleterre d’un certain Paul Gascoigne.
Elu meilleur joueur français en 1988 par France Football, Stéphane Paille qui n’avait jamais quitté son club formateur de Sochaux, tape dans l’œil de Louis Nicollin qui souhaite à tout prix l’associer dans un club à son comparse des Espoirs, Eric Cantona. Ce sera la plus grande folie de notre président, qui bâtit à l’été 89 avec d’Aymé Jacquet comme entraîneur, une formation taillée pour jouer le podium avec le fameux duo Paille – Cantona sensée dynamiter les défenses de Division 1 mais aussi avec Carlos Valderrama. Mais Stéphane Paille ne trouve pas ses marques dans l’Hérault et traîne rapidement son mal-être sur et en dehors des terrains. Louis Nicollin racontant que tous les week-ends Paille traversait la France de sud en est pour remonter à Sochaux.
Le duo fait un flop car dans le même temps Cantona fait des siennes en frappant Lemoult dans un vestiaire un soir de défaite à Lille avec ses crampons. Louis Nicollin décidant même d’écarter temporairement l’attaquant formé à l’AJ Auxerre. Paille part dès le mois de janvier à Bordeaux et n’a inscrit que quatre buts en dix-sept rencontres. Laissant comme image dans l’Hérault celle d’un énorme gâchis. La suite tout le monde la connaît, Montpellier flirte avec la relégation, Valderrama met six mois à s’adapter et à faire parler sa technique, Jacquet ne passe pas l’hiver et Mézy vient jouer les pompiers en redonnant vie à toute une équipe. Cantona et ses 14 buts en 39 matchs dont cette fabuleuse demi-volée à Saint Etienne permet aux Pailladins de monter à Paris et de décrocher la Coupe de France contre le Racing.
Cantona part sur Marseille l’été suivant et Paille va connaître une carrière assez chaotique avec néanmoins un sublime passage à Caen dans les années 92, où il fait des miracles avec un inconnu alors, se nommant Xavier Gravelaine. Mais aussi une saison pas dégueu à Porto ou de nouveau à Bordeaux. Paille partant ensuite en Suisse ou en Ecosse avant de tenter une carrière d’entraîneur elle aussi assez tumultueuse.
Il laissera l’image d’un joueur terriblement doué qui pâtira toute sa vie d’une grande fébrilité sur le plan mental. A l’image d’un Laurent Paganelli ou d’un Laurent Roussey. Des joueurs incapables sur la durée de s’imposer au plus haut niveau. Décédé subitement ce mardi, il restera éternellement Pailladin.
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