#3 Othmane Maamma, une première saison en professionnel
« Dans la tête des Pailladins » est la nouvelle chronique qualitative à retrouver sur AllezPaillade. Une analyse précise d’un aspect primordial du football mais trop peu considéré, le mental. Lors du deuxième numéro, notre intervenant ouvrait le chapitre d’Akor Adams, recrue du dernier mercato estival aux débuts tonitruants mais en totale perdition depuis de longs mois. Cette fois, il réalise un focus sur Othmane Maamma, diamant brut à polir, qui réalise sa deuxième préparation avec le groupe de Michel Der Zakarian, la première dans la peau d’un professionnel.
Je m’appelle Davy Gounel. Pailladin pure souche, ancien pensionnaire du MPSC (ouais ça date…), j’ai couvert le Montpellier Hérault et l’équipe de France en tant que journaliste sportif pendant une dizaine d’année pour Midi Libre. Aujourd’hui reconverti comme préparateur mental, j’ai décroché mon Certificat de préparation mentale pour la performance professionnelle puis j’ai enchaîné par le certificat professionnel d’Accompagnateur sportif après une formation en psychologie du sport et préparation mentale. Et j’ai terminé ces deux années d’instructions par une année à l’école de préparation mentale « Focus » à Bordeaux où j’ai validé toutes les compétences de la session « expert » en préparation mentale. AllezPaillade étant la référence absolue en pure player d’infos et d’actualités du MHSC, l’idée d’une collaboration est venue naturellement. La rubrique « Dans la tête des Pailladins » offrira aux fans un éclairage sur l’aspect mental de la performance des Pailladins avec une totale liberté de ton.
Othmane Maamma : comment préparer au mieux mentalement sa première réelle saison avec les pros ?
Dans le marasme ambiant économique lié aux incertitudes financières concernant les nouveaux droits télés, la signature du premier contrat professionnel du très prometteur Othmane Maamma est venue égayer ces derniers jours bien gris.
Sous l’angle de la préparation mentale, qui augmente le potentiel individuel et collectif de l’effectif à moindre coût, soit-dit en pensant, on s’est demandé quels seraient les facteurs psychologiques les plus à même de mettre Othmane Maamma dans les meilleures dispositions, à l’approche de sa véritable première saison chez les pros.
Il serait très intéressant d’affiner le profilage d’Othmane, de connaître tous les détails concernant sa personnalité, son profil motivationnel et psychologique, afin d’entamer au mieux sa relation de confiance avec le staff, que ce soit dans le sens de l’écoute ou de la communication (idéalement 80 à 90% de renforcements positifs dans un premier temps de la part du staff…) Et cette phase de « diagnostic », si je puis dire, lui permettra en bonus de mieux se connaître, et être lucide est la clé de l’adaptation et de la progression.
Pour lui enlever de la pression, même si ces premières apparitions ont prouvé qu’il n’était pas du genre à la subir et qu’il ne semble pas en délicatesse concernant la gestion de ses émotions ou du stress compétitif, il faut vraiment redéfinir avec lui le sens de son projet sportif et le recentrer un maximum sur la « tâche » (« l’entraînement » par opposition à l’ego) et viser en premier objectif la progression et non les statistiques.
Pour rester sur ce même fil, rien de mieux qu’un beau gros classique en préparation mentale pour se mettre dans le bain : la fixation d’objectif. Pour ma part en cette phase de préparation, j’utiliserai avec lui un outil issu du Certificat de préparation mentale pour la performance professionnelle. Simple et efficace.
Othmane va naturellement se fixer des objectifs mais une fixation d’objectif réussie possède des caractéristiques précises. Le challenge fixé doit être difficile mais atteignable sur la durée et surtout il faut déterminer avec lui des objectifs de processus (ce qu’il va mettre en place à l’entraînement mais aussi concernant son hygiène de vie, sa préparation mentale etc.) pour atteindre son objectif de résultat (qui peut être un nombre de titularisations par exemple ou un nombre de buts ou encore de passes décisives).
Un objectif étant avant tout une progression, il est intéressant de découper ses objectifs de résultats en plusieurs sous objectifs réparties sur le court, moyen et long terme et pour chaque objectifs de résultats, insister sur les objectifs de processus à mettre en place pour qu’il atteigne ses objectifs de résultats. Ainsi finalisé avec le staff, la feuille de fixation d’objectif écrite noir sur blanc se lit comme un itinéraire très personnel vers la voix de sa propre réussite. À 19 ans, pour une première saison pro, ça peut faciliter les choses.
Ce que l’on peut dire aussi, c’est qu’à 19 ans, c’est l’âge des grands idéaux et des premières théories footballistiques. Il y a des chances qu’Othmane formule de lui-même des exigences très élevées et il aura sans doute besoin d’être recentré sur les réalités du terrain, à un moment ou à un autre, mais toujours de façon très argumentée.
Enfin concernant sa motivation, et puisque c’est un monde professionnel où il faut affiner les moindres détails, il faudra être attentif aux comportements du staff et des cadres à son égard, pour maximiser son sentiment d’appartenance. Pour vulgariser, la motivation d’Othmane est déjà intrinsèque, à savoir suffisamment importante car on n’atteint pas le niveau professionnel à 19 ans sans être dans l’hyper-motivation. L’hyper-motivation, c’est avoir six curseurs très élevés : le sentiment de plaisir en jouant au foot, le sentiment d’être compétent dans ce domaine, le sentiment de progresser, celui d’être autonome et engagé dans son projet footbalistique, et aussi un fort sentiment d’appartenance. Et c’est sur ce dernier que je voudrais insister. Laurent Nicollin est un affectif et il appuie souvent sur ce sentiment d’appartenance à son niveau pour tenter de motiver ses joueurs. Si Othmane se comporte bien sûr avec respect et se sent rapidement aimé et intégré par le staff et les cadres, ça pourrait faire mal.
Pour exemple, je pense que c’est ce sentiment d’appartenance, entre autres, qui a manqué à Léo Leroy pour pouvoir franchir un palier au MHSC. Pour avoir assisté à plusieurs entraînements, on sentait que c’était loin d’être l’amour fou entre lui et les cardes, et entre lui et Téji Savanier en particulier…
Pour conclure, à l’heure où le Montpellier Hérault va devoir s’appuyer plus que jamais dans les années à venir sur son centre de formation, il paraît essentiel qu’il puisse optimiser un maximum le potentiel de ses jeunes joueurs. Mais quand j’entends son directeur du centre de formation Bertrand Reuzeau dire que selon lui, le mental ne se travaille pas, qu’on l’a ou qu’on ne l’a pas, je me dis que ce n’est pas gagné…
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