
Coup d’arrêt à Dijon pour les Montpelliéraines
De retour sur les terrains après deux semaines de pause internationale, les féminines du Montpellier Hérault avaient droit à un déplacement corsé ce week-end du côté de Dijon. Face à l’équipe surprise de cette phase aller, les Héraultaises rêvaient de s’imposer et de doubler leur adversaire du jour pour s’emparer de la convoitée 4ème place, qualificative pour les playoffs. Il n’en fut rien, et ce sont finalement les Bourguignonnes qui ont pris le dessus, profitant notamment d’une première mi-temps amorphe de nos joueuses pour nettement s’imposer (4-2)…
Cette saison, le DFCO a le vent en poupe. En tout cas, pour ce qui est de sa section féminine. Si le club bourguignon, dont l’équipe fanion végète en National, n’est pas au mieux financièrement parlant, son équipe de Première Ligue, elle, ne s’est jamais aussi bien portée. Depuis sa montée en 2018 avec aux commandes un certain Yannick Chandioux, la formation n’a jusqu’ici jamais fait mieux que la 8ème place au classement final de D1. Mais cette année, les Rouges semblent bien parties pour exploser tous leurs records, alors qu’elles caracolent en tête de la lutte pour le dernier ticket d’accession aux playoffs.
Sous la houlette de l’expérimenté Sébastien Joseph, le DFCO a patiemment construit touche par touche un effectif qui brille aujourd’hui par sa cohérence. Cosmopolite, cette équipe s’appuie notamment sur une bonne filière polonaise (Grec, Jedlińska, Krezyman), ce qui rappelle un peu l’émergence de Fleury il y a quelques saisons, mais aussi sur plusieurs joueuses de nationalités diverses et variées (Autriche, Chine, Finlande, Nouvelle-Zélande, Danemark, États-Unis…). Le tout accompagné de quelques bonnes jeunes pousses françaises (Goetsch, Picard) et de joueuses de D1 chevronnées (Declercq, Carage, Lavaud).
C’est donc un match relevé qui attend les Montpelliéraines, venues avec l’espoir de maintenir leur bonne lancée deux semaines après leur succès à Saint-Étienne (2-0). Bien que privé de Marion Torrent et de Kethna Louis (suspendues), Chandioux peut aligner une équipe quasi identique à celle qui avait pris le meilleur face aux Vertes, avec pour seule modification le retour dans le onze d’Ella Palis.
Bien que mises en difficulté dès l’entame de match, les Pailladines vont d’abord profiter d’une bévue adverse pour prendre les devants. Jade Rastocle envoie un long ballon dans les pieds de la défense dijonnaise, mais Noémie Carage et Kate Taylor se trouent et permettent à Marie Levasseur de récupérer la balle dans la surface. La latérale québécoise élimine ensuite la gardienne Alice Pinguet, offrant au MHSC l’opportunité de basculer rapidement en tête (0-1, 5′).
Très vite, la physionomie de la première mi-temps tourne cependant à l’avantage des locales. Beaucoup plus justes et confiantes dans leurs passes, les Bourguignonnes s’accaparent la balle et acculent leurs adversaires languedociennes. Si la défense limite les grosses opportunités pour les Rouges, des coups de semonce arrivent, avec notamment une bonne action du duo Klaudia Jedlińska – Viktoria Pinther (27′).
De plus en plus asphyxiante, la monopolisation du ballon par la troupe de Sébastien Joseph va finir par payer. Tout part d’une mauvaise relance au pied de Justine Lerond, qui atterrit directement sur Léa Declercq. La patronne du milieu dijonnais sert de suite son ailière gauche Nadia Krezyman, dont le centre est coupé au premier poteau par Pinther (1-1, 29′). Puis, à peine de minutes plus tard, Małgorzata Grec vient doubler la mise suite à un coup-franc, permettant au DFCO de renverser le score avant la mi-temps (2-1, 31′).
Yannick Chandioux le sait, son équipe doit vite montrer un autre visage si elle veut espérer ramener quelque chose de ce déplacement en Côte d’Or. L’incapacité de ses joueuses à tenir la possession et à construire proprement est pour l’heure rédhibitoire. Le coach du MHSC procède alors à un changement offensif, en faisant sortir une Palis transparente pour lancer la vivace attaquante Rose Kadzere dès l’entame du deuxième acte.
Ce choix n’est pas sans effet, et Montpellier repart alors avec de meilleures intentions. Les visiteuses campent davantage dans le camp adverse et Judith Coquet, d’abord de loin (49′), puis dans la surface (53′) essaye d’inquiéter Pinguet. Malheureusement, cette bonne séquence n’est pas récompensée, et c’est plutôt l’hôte dijonnais qui va continuer à faire preuve d’un réalisme implacable devant. Avec un nouveau numéro de l’intenable Krezyman sur le côté gauche, qui trouve cette fois-ci Jedlińska à la réception de son centre, le DFCO marque et double ainsi son avance au score (3-1, 54′).
De quoi couper l’herbe sous le pied des Héraultaises qui, et c’est tout à leur crédit, refusent cependant d’abdiquer. De nouvelles occasions encore plus tranchantes arrivent. Encore bien servie par Rastocle, Levasseur déborde sur le côté droit et centre vers Ifeoma Onumonu, qui envoie le ballon juste au-dessus de la barre (57′). Léa Khelifi prend elle aussi sa chance quelques minutes après, mais son tir à raz-de-terre passe à côté de la cage (63′).
L’horloge tourne et alors que le dernière quart d’heure se profile, l’insistance montpelliéraine est tout de même récompensée. Lancée par Lola Gstalter dans la profondeur, Onumonu se retrouve en un-contre-un face à Grec. Dans ce duel de grands gabarits, c’est la buteuse du MHSC qui prend le dessus et qui dépose l’internationale polonaise. D’abord gênée par la sortie dans ses pieds de Pinguet et le retour de Carage, Ify doit s’y prendre à deux fois, mais parvient à marquer dans le but vide (3-2, 75′). De quoi relancer le suspense dans les travées de Gaston-Gérard.
Mais alors que la possibilité d’arracher un nul semble plus crédible que jamais, Montpellier va une nouvelle fois subir une sacrée douche froide. L’entrante Wang Yanwen met la pression sur Coquet qui perd le contrôle du ballon au profit de Viktoria Pinther. Dos au but, l’avant-centre autrichienne pivote aisément et lance Meriame Terchoun dans la profondeur. Partie dans le dos de Jade Rastocle, la Suissesse qui venait comme Wang de faire son entrée, vient battre Lerond pour enterrer définitivement les espoirs des Montpelliéraines (4-2, 81′). Le DFCO aurait même pu l’emporter 5-2 si sa portière ne s’était pas imposée dans la foulée face à Pinther (83′).
Pour le MHSC, le constat est amer alors que le premiers tiers du tableau s’éloigne suite à ce résultat logique. Les Dijonnaises, portées notamment par des performances énormes de leurs recrues estivales Krezyman et Pinther, ont exposé des faiblesses du collectif héraultais. De quoi sévèrement bousculer l’escouade orange-et-bleue, qui a affiché un visage qu’on avait vu, jusqu’ici, uniquement face aux traditionnelles grosses écuries du championnat.
En défense, le Montpellier Hérault a craqué, faisant monter à 15 son total de buts encaissés cette saison. L’équipe a pourtant réalisé un nombre admirable de six clean-sheets depuis le début de la campagne 2024/25. Mais sur leurs quatre rendez-vous face au quatuor de tête, les portes auront été grandes ouvertes. Fortes avec les faibles, mais faibles avec les fortes.
L’alignement Levasseur-Rastocle-Boureille-Deslandes a été malmené par la maîtrise technique et la vitesse d’exécution du secteur offensif dijonnais. Sur le côté droit notamment, les choses furent complexes pour Levasseur, opposée à une Krezyman en grande forme. La Canadienne aura toutefois été précieuse de l’autre côté du terrain, amenant encore le danger avec ses centres. Côté gardienne, Justine Lerond n’a pas livré sa performance la plus inspirée. Il ne serait pas surprenant que Marie Petiteau en profite pour grappiller un peu de temps de jeu le week-end prochain contre Fleury.
Au milieu, la prestation d’Ella Palis déçoit et inquiète, alors que cette titularisation face au DFCO était pourtant une bonne occasion de se remettre en selle pour la transfuge de la Juventus. Si son expérience montpelliéraine avait bien débuté en septembre avec un but dès la première journée contre le PSG, la milieu internationale française est depuis moins utilisée, et semble désormais manquer de rythme. Sortie à la mi-temps, son influence sur le jeu fut particulièrement limitée, alors qu’elle n’a que très peu touché la balle… À ses côtés, Coquet aura été volontaire offensivement, mais beaucoup trop facilement désarçonnée dans les duels, perdant plusieurs ballons dangereux dans sa moitié de terrain. Clairement, l’absence de Marion Torrent dans l’entrejeu s’est faite ressentir.
Côté offensif, si les choses se sont un peu débloquées avec l’entrée de Kadzere (toujours aussi volontaire, mais très brouillonne), le bilan reste mitigé. Onumonu, pas dans son meilleur jour, réussit quand même à marquer, à nouveau grâce à un service de Gstalter. Mais dans l’ensemble, et comme pour leurs milieux offensives Khelifi et Ouchene, leur match fut surtout caractérisé par un manque de constance, avec une incapacité chronique à exister dans le premier acte.
Le MHSC reste finalement 5ème, désormais plus proche du milieu de tableau que des quatre premières places. Le dernier rendez-vous de l’année civile 2024 arrive dès le week-end prochain, et ce sera face au FC Fleury 91 (samedi 17h à Grammont), actuellement 7ème avec deux points de retard sur nos Pailladines. Un match important, contre l’un de leurs plus gros rivaux ces dernières saisons, qu’il faudra remporter pour s’assurer de passer les fêtes de Noël dans la première moitié du classement. Et peut-être, aussi refaire un peu son retard sur le top-4, alors que Dijon fera de son côté face au Paris FC dans un duel intéressant pour la 3ème position…
LA COMPO
Lerond – Levasseur, Rastocle, Boureille (Ngueleu, 78′), Deslandes – Coquet, Palis (Kadzere, 46′) – Khelifi (Chaine, 89′), Ouchene, Gstalter – Onumonu.
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