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[ABECEDAIRE] D comme… D’air Pur et Der Zak
Mars 1986. La scène ne manque pas de sel. Invité sur le plateau de la Rai Uno, Michel Platini analyse après-match la large victoire de l’Inter Milan sur le FC Nantes (3-0) en 1/4 de finale aller de la Coupe de l’UEFA 1986. Seul l’accent a quelque chose de francophile dans les commentaires du 10 de la Juve. A propos des défenseurs nantais, il a tendance à sulfater. Le meneur juventino les trouve largués par rapport à ce qui se fait dans le Calcio. Puis cette intervention du stoppeur du FCN fait perdre de sa fluidité à l’italien pourtant courant de Platini. Il faut dire que l’action a de quoi.
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Alors que le ballon d’or 1981 Karl-Heinz Rummenigge se présente dans la surface nantaise, un certain Michel Der Zakarian lui administre un tacle qui… disons qu’en athlétisme, ça se mesure. Avec les chevilles de l’attaquant Allemand servant de bac à sable. On sent déjà les vertus égalitaires de MDZ, pour qui le palmarès individuel de l’opposant importe peu. Pour paraphraser Coluche, en Derzakarie, « Y a pas de grands adversaires, y a pas de petits, la bonne hauteur, c’est quand les gencives touchent par terre« . L’arbitre n’y vit pas matière à penalty. Autres temps, autres meurtres…
Le match retour à la Beaujoire en raconte encore plus sur l’homme. C’est Der Zak en personne qui annonce la couleur aux milanais en ouvrant le score après 8 minutes à peine. 3-1 à la mi-temps pour Nantes, les nerazzuri sentent le feu de la remontada leur chauffer l’arrière-short. Ils laissent alors parler leur science du pourrissement de match et la stratégie porte hélas ses fruits. Voulant venger William Ayache, futur coéquipier pailladin, d’un nouvel attentat interiste, c’est MDZ qui écope du rouge promis à l’italien Fanna. Fautif, certes, mais comme hélas tant de défenseurs français en pareil cas, Der Zak n’en reste pas moins loyal, entier et solidaire.
L’épisode, certes malheureux rappelle aussi malgré lui les deux grandes étapes de sa carrière dans ce parcours d’une très rare fidélité. Et que dire de la grinta… En 1991, lors de l’homérique nul pailladin à Old Trafford, il copilote la défense héraultaise avec un genou laissé dans la boite à gants. Avec de tels états de service, on imagine que pour coach MDZ, la seule personne habilitée à décerner des forfaits pour blessure, c’est le légiste.
L’Abécédaire se réserve le droit de reparler de l’un de ses pailladins favoris. Une histoire mythique de deux-chevaux et de défense à Troyes. A suivre donc…
Annexe : L’histoire du tacle de Canto sur MDZ. Ce que Der Zak raconte dans un autre récit de l’incident, c »est qu’il s’était mouché dans le maillot de l’Auxerrois.
Papa Yade
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