
Zoom sur la série d’invincibilité des Montpelliéraines
Établissons tout d’abord les faits : avec leur victoire glanée lors de la dernière journée sur le terrain de l’ASJ Soyaux (0-1), les féminines du Montpellier Hérault viennent de boucler la phase aller de D1 Arkema sur une série de 5 rencontres sans défaite, lancée par trois succès consécutifs contre Saint-Étienne (1-2), le GPSO92 Issy (3-0) et Bordeaux (0-1), puis un match nul et vierge contre le Paris FC (0-0). Ce faisant, elles ont également signé quatre « clean-sheets » d’affilée, soit une première depuis la fin de saison 2017/18. Un enchaînement de bons résultats qui permet à nos joueuses de retrouver le statut de candidates crédibles à l’Europe, alors qu’elles pointent désormais à la 5ème place du championnat (19 pts), non loin derrière le PFC (3ème, 22 pts) et le FC Fleury 91 (4ème, 21 pts).
Après quelques à-coups en début de saison, la dynamique actuelle est donc clairement positive, avec un bilan numérique encourageant. Alors certes, les Héraultaises carburent un peu à la réussite depuis quelques semaines (fin de match quasi-miraculeuse contre Sainté, actions litigieuses non sifflées qui auraient pu conduire à des penaltys contre Bordeaux et Paris, frappe adverse qui touche l’équerre contre Soyaux…). Néanmoins, on ne peut que constater qu’après une entame de saison en demi-teinte, quelque chose dans l’expression collective des Oranges-et-Bleues les rend désormais plus compétitives, rouvrant des portes qui leurs semblaient encore fermées il n’y a pas si longtemps.
Alors, quels sont donc ces éléments nouveaux venus relancer la machine MHSC ? Et quels aspects de leur jeu les Montpelliéraines peuvent-elles peaufiner pour continuer leur marche en avant vers le trio de tête ?
Au cœur de la série d’invincibilité des Pailladines, il y a tout d’abord le principal choix tactique opéré par Yannick Chandioux sur les cinq derniers matchs : la mise en place d’un système à trois défenseuses centrales. Un schéma qui peut passer du 5-4-1 au 3-4-3 en fonction des intentions de jeu, mais qui se repose quoi qu’il arrive sur un trident arrière de plus en plus solide, composé actuellement de Maelys Mpome, Johanna Elsig et Maëlle Lakrar. Lors de leur plus gros test récent, la réception d’un Paris FC porté par un excellent secteur offensif, les trois joueuses ont su multiplier les interventions et les sauvetages, résistant avec fermeté aux assauts franciliens.
Déjà entrevue lors de la réception du PSG en septembre dernier (courte défaite 0-1), cette configuration pousse ainsi les Héraultaises vers un jeu âpre, qui teste ardemment leurs adversaires sur le plan physique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les Languedociennes pointent actuellement à l’avant-dernière place au classement du fair-play, avec 21 cartons jaunes et 2 cartons rouges au compteur. Néanmoins, elles ont aussi pu montrer une certaine capacité à s’adapter à leur opposition, comme en témoigne le succès face à Issy (3-0), acquis dans un style plus reluisant sur le plan offensif. La stabilité actuelle leur offre en tout cas une base de travail intéressante pour continuer à s’améliorer sur la phase retour, alors que les attentes à l’égard de ce groupe sont en train de se rehausser.
Ce nouveau dispositif tactique réussi particulièrement bien à Marion Torrent, qui a brillé lors des trois derniers matchs. Arpentant son couloir droit avec détermination, la capitaine montpelliéraine s’est aisément glissée dans son rôle de piston, profitant de la présence derrière elle d’une très solide Maelys Mpome pour jouer haut sur les phases d’attaque. C’est notamment elle qui provoque le penalty de la victoire face à Bordeaux. De retour en forme après un mois d’octobre tronqué par les blessures, l’internationale française a ainsi signé jusqu’à la trêve une série de performances complètes, tant offensivement que défensivement.
Autre facteur important, les prestations solides de Lisa Schmitz et Gabrielle Lambert dans les buts. Les deux gardiennes du MHSC ont su réaliser des arrêts décisifs au cours des trois derniers matchs. Alors que Schmitz a gardé sa cage inviolée contre Issy, le PFC et Soyaux, sa suppléante canadienne l’a elle remplacée du côté de Libourne pour affronter les Girondines, s’offrant elle aussi un blanchissage (« clean-sheet » en version québécoise) pour sa première apparition en compétition officielle avec Montpellier. Les deux joueuses forment donc jusqu’ici un tandem performant, qui pourrait bien aider le MHSC à être compétitif sur deux tableaux, alors que le club s’apprête à démarrer son parcours en Coupe de France le 9 janvier prochain (16ème de finale vs Saint-Étienne).
Actuellement, le principal axe d’amélioration pour Yannick Chandioux et sa troupe paraît donc être l’animation offensive. Et sur ce point, l’ex-coach du DFCO compte déjà un avantage par rapport à son prédécesseur Fred Mendy : la bonne santé de Lena Petermann, meilleure buteuse du MHSC depuis déjà deux saisons et demi. Après avoir loupé un tiers des rencontres l’an passé, l’Allemande a pour l’instant disputé l’intégralité des matchs de l’exercice 2021/22 , s’imposant une nouvelle fois comme la Montpelliéraine la plus prolifique (5 buts, 2 passes décisives).
Mais si la présence régulière de l’ancienne du Turbine Potsdam apporte une bonne dose de certitude sur le front de l’attaque, la question des joueuses désignées pour l’entourer devant est en revanche plus nébuleuse. Au gré des suspensions, des blessures et des choix du staff, Petermann s’est retrouvée associée avec une multitude de partenaires différentes sur les cinq dernières affiches : Esther Mbakem-Niaro, Ashleigh Weerden, Mary Fowler, Dominika Škorvánková, Faustine Robert et Clarisse Le Bihan ont toutes eu droit à une titularisation dans le secteur offensif sur cette période.
Pour la réception du Paris FC, c’est le duo Robert – Le Bihan, toutes deux fraîchement revenues de blessure, qui a été choisi pour sécuriser les ailes. Je dis « sécuriser » plutôt qu’animer, car les occasions se sont faites rares pour Montpellier sur une bonne partie de la rencontre, et que ces deux joueuses ont probablement été choisies en partie pour leur rigueur sur le plan défensif. Il a d’ailleurs fallu attendre les rentrées de Mary Fowler et Nérilia Mondésir (qui revenait de suspension après son exclusion à Saint-Étienne) pour voir les Pailladines amener véritablement le danger dans la surface adverse.
Ce faisant, il n’était donc pas surprenant de retrouver Fowler titulaire à gauche de l’attaque le week-end suivant à Soyaux, tandis que Škorvánková a elle été lancée sur le côté droit (soit la même configuration que contre Bordeaux). Un choix payant pour le staff, puisque les deux joueuses se sont retrouvées impliquées sur le seul but de la rencontre : l’Australienne se trouvant à la réception d’un long coup-franc Maëlle Lakrar, elle a pu remiser de la tête pour sa collègue slovaque, qui a conclu l’action d’un bel enchaînement contrôle de la poitrine / frappe du pied gauche.
Bien qu’accrochées dans le jeu par une équipe charentaise très volontaire, les Montpelliéraines ont su se procurer des actions dangereuses, avec en tout 14 tirs dont 7 cadrés. Impliqué sur la majorité de ces actions, le trio Fowler – Petermann – Škorvánková a certainement montré des choses intéressantes, bien assisté par un duo inédit Puntigam – le Bihan dans l’entrejeu. Mais avec des joueuses de côté chevronnées comme Faustine Robert ou Nérilia Mondésir également disponibles, il est fort probable que le staff languedocien continue de tester ses options pour trouver la meilleure combinaison possible autour de Petermann.
À l’orée de la seconde partie de saison, c’est en tout cas là que réside le principal enjeu pour les Pailladines : capitaliser sur leur solidité défensive en développant un jeu offensif plus maîtrisé et surtout, avec plus d’efficacité dans le dernier geste. Un beau défi à relever pour ce groupe montpelliérain, qui se montre de plus en plus capable de jouer à la hauteur de ses ambitions.
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