
[Anecdote AP] Le jour où : 16 septembre 2010
Olivier Giroud vient d’arriver à Montpellier de Tours avec un statut de meilleur buteur de Ligue 2, souvent casse-gueule. Il débute sa saison avec un but extraordinaire à Gyor, qui est quasiment passé inaperçu parce que le MHSC a été éliminé piteusement au match retour à la Mosson. Giroud a plus de mal en Ligue 1. Un but à Valenciennes lors de la 4ème journée et c’est tout. Montpellier est sportivement sur une série pas catastrophique, mais pas exceptionnelle. La défaite à domicile contre Nancy (1-2) après un nul (0-0) contre Caen à la Mosson, met une certaine pression aux Pailladins avant d’aller à Saint Etienne. Il y a chez beaucoup la crainte que la seconde saison après la montée soit la plus dure. Surtout que l’élimination en coupe d’Europe fait tâche. Le faible nombre de buts marqués et les prestations insipides de Giroud inquiètent (seulement 3 buts marqués pour les Héraultais lors des 5 premières journées dont 1 seul dans le jeu).
Le jeune attaquant est jeune, beau gosse, il débarque dans une ville étudiante à une époque de l’année où on peut faire la fête tous les soirs, et où les soirées se terminent dans le patio d’une boîte de nuit à la Grande Motte où le DJ s’arrête quand le soleil est déjà bien levé. Geoffrey Dernis racontant avec beaucoup d’humour que c’était ce qui faisait la différence avec les discothèques stéphanoises. De voir le soleil se lever, les pieds dans le sable. Il a acheté très rapidement d’ailleurs une maison dans l’Hérault. Les tentations de sortir sont donc nombreuses, et l’été en cette mi-septembre n’est pas encore terminé.
J’ai un copain qui réside à Paris, il a ses vacances en cette période et les passe à Montpellier. Il profite lui aussi de l’été indien, et va boire un coup à la préfecture. Nous sommes un jeudi soir. A 00h00, je reçois un texto. « Giroud est à l’Envers Bodega, il est avec des copains, il fait la fête et multiplie les photos. » Je reçois dans la foulée un ou deux clichés. Rien d’extraordinaire, le bar doit fermer normalement vers les 1h, rien de graveleux, mais ça fait quand même tâche pour un joueur pro à l’avant-veille d’un match compliqué à Saint Etienne. Surtout que ses performances sont plutôt moyennes.
Le samedi, pour une des premières fois de la saison, Giroud est remplaçant dans le Chaudron. Montpellier en prend comme aux boules. Score sans appel (3-0), c’est la seconde défaite de rang et l’ampleur fait tâche. C’était un non-match par excellence, le genre de rencontres à regretter d’avoir allumé la télé. Giroud est rentré pour une grosse demi-heure, il a été nullissime, n’a pas mis un pied devant l’autre. Et au moment de faire les notes et les commentaires, je fais sûrement la plus grosse bêtise que j’ai faite sur le site. Frustré de la branlée, je fais une remarque très vacharde et déplacée. « Giroud est plus à l’aise le jeudi soir Place Jean-Jaurès que le samedi après-midi sur le rectangle vert. » Je me fais de suite allumer sur le site. Mais je suis aussi soutenu. Il faut dire que la prestation de l’équipe ce soir-là, fait naître beaucoup de critiques. Et les matchs de Giroud laissent aussi la place à pas mal de propos acerbes.
Nous sommes le lundi matin vers 10h00, un mail arrive dans la boîte mail de WebMHSC. La chargée de communication du club veut à tout prix que je la rappelle. Elle commence à me parler de graves atteintes à la vie privée. Je dois appeler Olivier Giroud pour m’excuser. Et faire une sorte de mea culpa sur le site. Pas de soucis sur le principe, je reconnais que je n’aurai pas dû mais je dis que le club devrait peut-être un peu mieux gérer ses joueurs les avant-veilles de match. Que sur la place Jean-Jaurès à 23h un jeudi soir, un max de monde a vu Olivier Giroud et ses copains faire la fête.
Olivier Giroud m’appelle le lendemain. Je fais amende honorable et je présente mes plus plates excuses, mais finalement c’est presque lui qui est le plus gêné. Et je me rends compte alors de l’ampleur de ce que j’avais écrit. Et de la rapidité à laquelle les gens du club lisent le site. Il me dit: « Je vais te raconter ce qu’il s’est passé. Après la défaite de Saint Etienne, René Girard nous a réunis tous les joueurs lors du décrassage. On savait qu’il allait nous mettre un savon après la défaite. Il faisait la tronche. Mais il a surtout sorti un téléphone portable avec l’extrait de ton site. Je me suis pris une branlée devant tout le monde comme jamais. » Ré- excuse de ma part. Et nous avons ensuite longuement discuté après et j’ai découvert vraiment un joueur très gentil, très intelligent. Qui s’était fait choper les doigts dans le pot de confiture.
C’est un épisode qui m’a vacciné. Plus jamais et même si nous avons reçu bien des années plus tard des photos de soirées arrosées d’un joueur parti depuis à l’étranger, nous n’avons parlé de la vie privée d’un joueur. Mais je me dis finalement que cette épisode aura marqué aussi la saison de Giroud qui a vite compris qu’il y avait des exigences beaucoup plus élevés en Ligue 1 et des devoirs dûs à son statut de meilleur buteur de Ligue 2. Le samedi d’après, il claquait un doublé contre Arles-Avignon et marquait le samedi d’après à Lille.
Puis pas besoin de vous raconter la suite !
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