[Exclu AP] Anthony Ribelin: « Je n’aurais jamais dû aller à Rennes »

Notre série d’interview continue avec Anthony Ribelin. Formé du côté de Grammont, il est lancé dans le grand bain par Rolland Courbis et participera à 9 rencontres avec le MHSC. L’arrivée de Frédéric Hantz le freinera totalement dans sa course puisqu’il retournera avec l’équipe réserve. Durant l’été 2016, alors que Laurent Nicollin souhaite lui proposer un contrat professionnel, il rejoint finalement le Stade Rennais. Aujourd’hui, il évolue avec Bourg-Peronnas en National 1. Entretien.

Avant tout, peux-tu nous expliquer comment tu gères la situation actuelle de confinement. Avez-vous notamment un programme à suivre ? Quelles sont les consignes du club ?

« Je suis à Sète chez ma mère, dans une maison. Niveau confinement, ça va. Je vais faire mes footings tous les jours, et je dois envoyer mes stats au club via une appli. Nous sommes dans l’attente comme tout le monde d’en savoir plus. J’espère que le championnat va reprendre et que nous allons monter. C’est dommage que le championnat se soit arrêté, nous sommes 4èmes et nous sommes sur une bonne série pour jouer la montée. »

Tu arrives à l’âge de 10 ans au MHSC. Comment s’est passé ton passage au centre de formation ? Dans les différents retours que l’on peut entendre, c’est un moment assez fort cette période à Grammont pour les joueurs.

« J’ai commencé super jeune en effet et je n’ai pas connu l’internat au centre de formation. J’habitais chez ma mère et d’un côté, c’est ce qui me permettait de couper avec le foot. Y avait l’école, le foot et la maison. Après oui, tous les joueurs qui sont internes et qui font leur formation vivent quelque chose de particulier. Après à 15-16 ans, j’ai signé un premier petit contrat de 3 ans, jusqu’en CFA où j’ai signé un contrat de stagiaire pro. »

Rolland Courbis te lance en Ligue 1, tu as 18 ans, quelles sont les paroles et les attentes du coach ? Qu’est-ce que tu ressens de ton côté ?

« A la fin de ma saison U19, Rolland Courbis dit à Teddy Chaouche et moi que nous allons démarrer l’année avec le groupe pro. Et dès le premier match de la saison contre Bordeaux, je joue mes premières minutes, je rentre 20 min. Même si mon poste de prédilection est au milieu du terrain, il me dit qu’il valait mieux pour moi, pour démarrer de jouer sur un côté et de faire parler ma vitesse. Il me disait que le milieu du terrain, c’était fait pour les lions, et que ça serait compliqué pour moi. Après il n’a pas eu de discours vraiment spécial, il me disait de jouer comme je le faisais. »

Tes deux derniers matchs pour Montpellier, tu es titulaire face à Marseille et Caen, deux défaites sonnat l’échec du duo Baills/Martini. Frédéric Hantz débarque et tu ne joues plus avec l’équipe première. Tu saurais expliquer pourquoi ?

« Je joue deux matchs en effet et Frédéric Hantz arrive et décide de faire uniquement confiance aux joueurs expérimentés. C’était sa volonté et il nous a fait venir Teddy et moi pour nous expliquer qu’il ne comptait plus sur nous. On peut dire qu’il m’a mis dans le dur mais après ce sont les choix d’un entraîneur. »

A la fin de saison, alors qu’en conférence de presse, Laurent Nicollin annonce qu’il souhaite te voir signer un contrat professionnel, tu rejoints à la grande surprise des supporters, le Stade Rennais. Tu peux revenir sur cet épisode ?

« Laurent Nicollin voulait me faire signer pro, c’est vrai. Mais après, je n’avais pas confiance en Hantz parce qu’il m’avait mis dans le trou en fin de saison. Et puis j’ai été mal conseillé par mon agent. Je n’aurai jamais dû aller à Rennes. J’ai des regrets aujourd’hui. J’aurai dû rester à Montpellier. J’aurai dû patienter et essayer de faire ma place et de m’imposer. »

Il se dit que Rolland Courbis n’était pas étranger à ce départ à l’époque ?

« Non, cela n’a aucun rapport avec Courbis. Il n’était plus à Rennes à cette époque, il était déjà parti. »

De ta génération, seul Pierrick Fito signera pro qui n’arrivera jamais à s’imposer. Dans une interview, quand on t’a demandé qui tu voudrais avoir dans ton équipe, tu as répondu Pierre Cornud, un ancien de Montpellier. Avais-tu plus d’espoirs pour votre génération ?

« Pierre Cornud, c’est celui avec qui je m’entendais le mieux en effet. Après lui, joue en D3 espagnole à Ibiza. C’est difficile à expliquer pourquoi nous n’avons pas percé. Je dirai simplement que pour passer pro, il vaut mieux faire un super parcours en Gambardella. Et nous pendant deux ans, on a pris des cadors d’entrée dont Monaco. Et donc forcément quand tu perds contre Monaco qui avait une très grosse génération 96, c’est compliqué après de faire parler de toi et de percer. »

Tu quittes le MHSC donc car tu ne sentais pas la confiance. Malheureusement, Rennes ne t’a jamais donné du temps de jeu… As-tu des regrets aujourd’hui ?

« J’ai des regrets même si à Rennes, je n’ai pas fait une si mauvaise saison que ça. Le problème c’est que Gourcuff qui entraînait alors me fait jouer avant-centre. Alors que ce n’est pas mon poste de formation. Je joue en réserve et je suis entraîné par Julien Stéphan. Dans l’équipe il y a des joueurs comme Lea Siliki, Hunou qui aujourd’hui ont le niveau Ligue 1. Je fais plutôt une bonne saison parce que je marque 9-10 buts en donnant 3-4 passes décisives. Les supporters commencent à demander à ce que je joue en pro. Gourcuff me prend 3 fois dans le groupe mais ne me fait jamais rentrer. Après je dois être prêté à Orléans, sauf que le club est interdit de recrutement par la DNCG, donc je reste à Rennes avant de partir en prêt au Paris FC. »

Vous loupez de peu la montée au Paris FC. Ton passage te relance, on pensait que tu pourrais rebondir rapidement en Ligue 2, que s’est-il passé?

« On loupe la montée de peu, on perd en barrages. Et c’est vrai que je fais une bonne saison et je m’entends très bien avec Reginald Ray. Il part entraîner à Bastia qui vient de descendre et j’ai un accord avec lui pour partir à Bastia. Le souci c’est que Bastia coule et que je me retrouve à Rennes. Comme je devais suivre Ray à Bastia, je ne pouvais pas aller au Paris FC qui en plus est monté administrativement quelques semaines plus tard. On peut vraiment dire que sur les trois dernières années je n’ai pas eu beaucoup de réussite et de chance. »

Tu as signé pour une année, comment vois tu la suite de ta carrière ?

« Déjà, à Bourg en Bresse, j’ai trouvé un entraîneur, Karim Mokeddem qui me fait confiance et me fait jouer à mon véritable poste. On fait une excellente saison et l’objectif en venant à Bourg était de relancer ma carrière. J’espère que c’est fait et désormais l’objectif c’est de montée en Ligue 2 avec Bourg. Parce que le souci, si jamais on ne monte pas c’est que le club perd le statut pro. Donc, il faut vraiment qu’on monte. On est sur une bonne lancée, on a 3 points de retard sur le 3ème, 5 points sur le second. Et les trois premiers vont s’affronter entre eux alors que nous on a sur le papier, un calendrier plus favorable. Il ne faut pas qu’on vise les barrages mais plutôt la seconde place. Il nous reste 11 journées et nous sommes sur une bonne lancée, je pense que c’est faisable. »

Les parcours de Savanier et de Sotoca peuvent-ils t’inspirer?

« Oui, leur parcours peuvent m’inspirer. Après, on peut dire que je n’ai beaucoup de chance mais je suis entrain de me relancer cette année. Je vois que j’ai des contacts en Ligue 2 aussi. Et l’objectif désormais, c’est de tout faire pour monter avec Bourg en Ligue 2. »

Suis-tu toujours le MHSC, quel est ton avis sur la saison, ton avis sur les jeunes aussi qui ont du mal à avoir du temps de jeu et leur possible frustration?

« Moi, je n’ai pas connu la frustration de signer pro et de ne pas jouer. J’en ai connu une autre, c’est de jouer en pro et de repartir en réserve avec Hantz. Ce n’est pas forcément pareil. Maintenant, Montpellier a une belle équipe et c’est quand même très compliqué pour un entraîneur de faire jouer des jeunes alors que tu as une équipe expérimentée. Tu as déjà Chotard et Cozza qui jouent. C’est quand même pas mal. Je ne pense pas que tous les clubs de Ligue 1 font jouer 2 jeunes en permanence. Après Montpellier fait une belle saison, je regarde encore leurs matchs. Mais, sans trop comprendre pourquoi, j’ai l’impression que souvent ils loupent le coche pour viser plus haut. »

Dans une interview à la Voix de l’Ain, tu disais que c’est avec Hilton que tu as le plus appris. On apprend d’ailleurs qu’il t’emmenait à l’entraînement. J’imagine que tu n’avais pas encore ton permis, il fait ça avec beaucoup de jeunes ?

« Vito, il ne s’arrêtera jamais. D’ailleurs c’est pour ça qu’il est toujours aussi affuté à 42-43 ans. C’était vraiment le relai de l’entraîneur sur le terrain aussi. Il m’a beaucoup conseillé sur et en dehors du terrain. Sur la muscu, sur l’aspect tactique, sur le fait d’arriver à l’heure à l’entraînement. Les joueurs les plus expérimentés sont là pour bien nous expliquer pourquoi il faut faire ça, pour nous replacer. Et oui, comme je n’avais pas le permis, Vito m’emmenait tous les jours à l’entraînement. »

Merci à lui pour cet entretien. Nous lui souhaitons évidemment le meilleur pour cette fin de saison avec Boug-en-Bresse et pour la suite de sa carrière.

L’interview précédente était celle de Geoffrey Dernis à retrouver ici.

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