C’est l’entraîneur qui doit avoir un projet, pas les dirigeants?

C’est une déclaration assez honteuse issue de l’entretien de Laurent Nicollin qui nous fait réagir.

« Ce serait bien qu’on ait un entraîneur qui signe sur deux ou trois ans et qui soit porteur d’un projet un peu comme René Girard. »

On a bien compris que l’entretien servait avant tout à justifier le départ de Fred Hantz et a expliqué que le prochain entraîneur sera obligatoirement quelqu’un déjà passé par Grammont. Quelqu’un de connu qui s’entend bien avec le président délégué. Ce qui n’était pas le cas de Fred Hantz puisqu’il n’avait pas été choisi par Laurent mais par Louis et que l’Aveyronnais comptait peu de soutien en interne.

Et quand Laurent Nicollin égrène les qualités requises du futur technicien, il est nécessaire de s’arrêter sur cette notion de porteur de projet.  Que nous sachions, c’est au club de donner la marche à suivre. C’est le club qui dicte ses ambitions en fonction de la réalité économique du moment et l’entraîneur doit agir avec la manne financière disponible ou pas. Et ce n’est pas l’inverse.

Car depuis le titre, Montpellier vivote dangereusement puisque ses dirigeants sont incapables de fournir un cap ambitieux et réaliste à leurs diverses entraîneurs. En se réfugiant derrière la construction du futur stade pour faire patienter les supporters qui désertent progressivement la Mosson.

 

Nos dirigeants se sont trompés en recrutant Jean Fernandez. Un entraîneur que les supporters en grande majorité et à raison ne voulaient pas voir arriver. Première erreur énorme dans le montage d’un projet ambitieux. Que nous le sachions et malgré tous ses défauts, Courbis voulait construire et le clamait, une équipe sur plusieurs mercatos. Arrivé en catastrophe en decembre 2013, son tort fut au printemps 2015 de demotiver l’équipe pour viser la Ligue Europa et d’évoquer de grandes ambitions pour sa troisième saison, désignant même alors le podium.

Les dirigeants et surtout Louis Nicollin en désaccord dès le printemps avec ce renoncement à la course à la Ligue Europa auraient dû se séparer alors de Courbis. En réponse aux grandes ambitions de Ligue des Champions, les dirigeants laissent Courbis gérer totalement le recrutement avec une enveloppe assez réduite. Un recrutement raté dans un premier temps puisque Boudebouz met cinq-six mois à exploser. Le club fait signer en catastrophe fin août un Yatabare hors de forme et un Ninga à l’état de diamant brut. Les dirigeants et Courbis tergiversant longtemps sur les dossiers Sio et Gourcuff. Bensebaini et Rémy peinant aussi à faire leurs preuves. Un mercato très mal géré qui explique un début de saison catastrophique puis le départ en traître de Courbis mi-décembre au nez et à la barbe de dirigeants impuissants devant le cinéma de leur ancien entraîneur.

Arrive Fred Hantz qui promet d’apporter une vision nouvelle, extérieure à celle de Grammont, qui dans un premier temps redresse rapidement la barre et réussit son opération sauvetage. Son discours par la suite est d’abord calquée sur celui des dirigeants: dégraisser l’effectif pour répartir sainement et pour permettre d’intégrer plus facilement les jeunes de la formation qui n’éclosent plus en professionnel. Renouer le dialogue avec les supporters. Puis Hantz dès fin mai commence à avoir des ambitions chiffrées pour son projet: « une saison moyenne à Montpellier, ça doit être de finir entre cinq et dix, moi je vise le top 5. » 

En voilà de jolies ambitions et un projet sympa. Immédiatement tué dans l’oeuf par Louis Nicollin qui déclare dès la fin de la saison qu’il y a un gouffre de huit millions à combler et qu’il faut vendre Martin et Dabo pour s’en sortir. Hantz devra se débrouiller avec sa b… et son couteau pour le recrutement. Un Belge déprimé, un milieu de terrain défensif prêté par Rennes qui joue peu. Hantz fait confiance à Mounie en pointe, veut un milieu offensif de suite, obtient en octobre Sessegnon… Louis Nicollin lui voulait plutôt un défenseur pour préparer l’après Hilton. Hantz prévenant des l’été que le joueur doit arriver en janvier 2017 ce qui est le cas avec Pokorny. Mais entre temps et après une grosse gueulante présidentielle arrive Mongongu en urgence.

En conclusion une année 2016 qui se termine avec déjà un gouffre entre le projet de l’entraîneur au printemps et les moyens mis à disposition par ses dirigeants par la suite. Sans parler des tensions en interne, des déclarations du père qui début janvier finissent par décourager Hantz qui termine en roues libres avec un premier mois catastrophique malgré un mercato prometteur. Hantz qui part et qui a l’élégance de ne pas s’étaler devant les médias. Ce que fait Laurent Nicollin ce mardi, comme pour justifier l’obligation de travailler en famille.

Alors nous allons attendre que le maintien soit obtenu déjà que le nom du prochain entraîneur soit connu, que son projet pour les trois prochaines années soient présentés et nous verrons alors si le club ne met pas des bâtons dans les roues à la réalisation de ce projet. Car il doit déjà être facile dès maintenant de savoir pour combien le club doit vendre pour survivre, quelle sera la taille de la prochaine enveloppe disponible pour le mercato et comment le club entrevoit aussi le futur pour les trois prochaines saisons.

Car Courbis, Hantz qu’on le sache avaient un projet et voulait s’inscrire dans la durée avec le club. Mais leurs ambitions se sont heurtés à la réalité financière, aux disfonctionnements internes à la gestion familiale d’un club qui laisse entrevoir quelques espoirs à ses entraîneurs et à ses supporters mais qui serre immediatement les cordons de la bourse. Un fonctionnement qui depuis 2013 aurait pu nous conduire trois saisons sur quatre en Ligue 2.

 

 

56 Commentaires

S’abonner
Notifier de
56 Commentaires
Récents
Anciens Populaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires
56
0
L’article vous fait réagir ? Commentez !x