Bertrand Queneutte : « La République des passe-droits qui a tiré tout le monde vers le bas »

Dans ce passage de six minutes extrait de MSC Sport Club sur Twitch, le journaliste fait ce qui ressemble à un exposé des raisons du malaise et des tensions internes que nous soupçonnons depuis longtemps dans le vestiaire et qu’il présente comme certaines des causes de la situation actuelle. Selon lui, la chute vers la Ligue 2 a démarré bien avant l’actuelle saison et ses propos évoquant des conflits ou désaccords avec d’anciens joueurs renforcent sa théorie.

«On nous dit que le groupe vit bien, les joueurs s’aiment etc. : non, c’est faux ! Ce match, c’est le match du divorce, parce que sur ce qu’on a vu sur le terrain, sur ce que j’ai vu, c’est des joueurs qui ne s’aiment pas. Vous parlez de Kouyaté qui n’a pas fait le retour défensif (…). Moi, tout ça, ça traduit un truc qui est vrai, on va se dire les choses et on va arrêter de se cacher : les joueurs sont divisés dans le vestiaire, il y a des clans dans ce vestiaire à Montpellier. Ça fait longtemps qu’on le sait. Mais on espère, on est naïfs nous aussi, on se dit que ça va finir par passer, on se dit que ça va aller, que les problèmes ressortent de toute façon quand ça ne va pas, et que si tout va bien eh bien ça ira et on n’en parlera pas. Mais la vérité aujourd’hui, ce match qui était, qui aurait dû être le match d’une vie pour certains et le match de la survie pour un club, a mis au grand jour le fait que les joueurs ne s’aiment pas. Et je vais vous dire pourquoi les joueurs ne s’aiment pas dans ce vestiaire.

Il y a deux raisons : la première, c’est parce qu’il y en a qui supportent plus ce qu’on dit depuis un moment, qui s’appelle la République des passe-droits. Il y a un État dans l’État dans ce club à Montpellier, c’est qu’on a donné les clés à un moment donné à des mecs qui sont devenus Frankenstein, des monstres. Les mecs au départ étaient des bons joueurs, ils ont fait des bonnes saisons à Montpellier mais c’est devenu des monstres, parce que dans cette république des passe-droits où on leur a tout passé aux yeux, au nez et à la barbe de tout le monde, eh bien à la fois eux ont complètement vrillé et dégoupillé dans leur tête, mais en plus ça a créé des rancœurs et des tensions monumentales parce que si tu vois que le copain on ne lui dit jamais rien, mais qu’à toi on te tombe toujours dessus, qu’est-ce que tu finis par penser ? Tu en veux au club, tu en veux à la terre entière mais aussi à ceux qui bénéficient des passe-droits, à ceux à qui on ne dit jamais rien. Et c’est ce qu’il s’est passé avec Mamadou Sakho. Quoi qu’on pense de l’épisode Mamadou Sakho, il démarre de ça (de la république des passe-droits) parce que Michel Der Zakarian vient lui dire un truc à lui, alors qu’il ne joue pas. Et quand Sakho s’en prend verbalement à Michel Der Zakarian il lui dit «Mais attends t’es gentil, va le dire à ceux qui méritent les critiques ! Moi je ne joue pas, qu’est-ce que tu viens me chercher des noises ?», et ça part de ça.

Rémy Cabella quand il est revenu à Montpellier, vous croyez qu’il n’a pas vu la république des passe-droits ? Vous croyez qu’il n’a pas vu qu’il y en avait qui se la coulaient douce, qui ne foutaient rien, et qu’à côté de ça il y en a qui trimaient ? Mais bien sûr, et tout ça, ça a créé non seulement des tensions et donc des joueurs qui ne s’aiment pas, qui se regardent en chiens de faïence, qui se dézinguent par derrière, mais ça a aussi tiré tout le monde vers le bas, parce qu’évidemment que si vous voyez un joueur cadre, avec qui c’est à la carte, qu’il s’entraîne quand il veut, qu’il peut peser cinq ou huit kilos de trop comme le dit Michel Der Zakarian, il joue, il est sur le terrain. Prime au kilo ici, pas prime au mérite ! Tu te retrouves titulaire sur le terrain alors que contrairement à l’époque de Benji (Psaume), ce qu’il nous racontait, à l’époque de Benji tu avais des amendes quand tu avais des kilos en trop. Ici, tu as des titularisations. Qu’est-ce que ça crée dans le vestiaire ? Ça fait que les jeunes, ensuite, quand ils voient ce modèle-là, ils se disent «Mais pourquoi moi je devrais perdre mes kilos ? Pourquoi je devrais faire un régime ? Pourquoi je devrais revenir bosser l’après-midi ? Ces mecs on ne leur demande rien !». Donc ça, république des passe-droits qui a créé des tensions et qui a tiré tout le monde vers le bas.

Crédits IconSport

Ensuite, deuxième raison : pourquoi les mecs ils ne s’aiment pas ? Parce qu’ils se sont rendu compte, et on va le dire aussi, certains se sont rendu compte que des joueurs trahissaient le vestiaire, trahissaient le club, parlaient dans leur dos à des mecs notamment sur Twitter essentiellement, ils leur racontaient la vie du vestiaire, le moindre détail ; quand il y en a un qui se mouche, c’est divulgué. Attention nous aussi les journalistes on a des infos, nous aussi on parle avec des joueurs évidemment, mais nous, moi je n’ai aucun intérêt ni personnel, ni fraternel, ni financier ni quoi que ce soit avec un joueur. Donc quand j’en parle c’est avec objectivité. Moi je ne protège personne, je n’ai jamais protégé un joueur. Maxime Raynaud au Midi Libre il n’a jamais protégé un joueur. Mais évidemment quand tu as une relation plus particulière et certains s’en vantent – d’avoir des relations plus particulières avec les joueurs – évidemment que c’est biaisé ce qu’ils racontent. Donc qu’est-ce qu’il s’est passé ? Il y a des joueurs du vestiaire qui se sont rendu compte que tout était déballé, ils se faisaient fracasser sur Twitter. Et se sont rendu compte que quoi ? Que, parce que des types le disaient qu’ils étaient amis avec untel ou untel dans le vestiaire, ils se sont dit «Mais attends, mon voisin de vestiaire, mon voisin de table, il me trahit en fait ! Je passe ma vie avec lui, il sait tout de ma vie, de tout ce que je fais ici à Grammont et tout est raconté !». Non seulement ça crée des tensions, mais ensuite est-ce que tu as envie de te battre pour un mec dont tu t’aperçois qu’il t’a trahi ? Peut-être que tout ça, ça existe ailleurs dans des clubs où ça va bien. Mais quand ça va mal, c’est là que ça pète ! C’est là que ça ressort ! Benji est-ce que j’ai tort quand je raconte tout ça ? Non, on le sait. J’ai pris l’exemple de Mamadou Sakho sur la république des passe-droits, mais Maxime Estève aujourd’hui, l’histoire lui donne raison. Il est en train de faire la plus belle carrière de tous les joueurs passés par Montpellier récemment. Le type va se retrouver de nouveau en Premier League la saison prochaine, il est génial footballistiquement, il va être élu meilleur défenseur de Championship, il marche sur l’eau (…), il a dit qu’il est parti du club «dégoûté». Il l’a subi, ça (…) et de découvrir que certains parlaient dans son dos ! Sur le terrain ça a créé des tensions, ça a créé de l’inimitié. Patrice Beaumelle nous a dit dans l’émission : les joueurs ils faut qu’ils s’aiment. Alors ça ne veut pas dire il faut aller à la pizzeria, s’inviter tous les week-ends etc., ils ne sont pas tous obligés d’être amis ; en revanche, ils ne sont pas tous obligés d’être ennemis. Et le problème, c’est que les inimitiés et les ennemis, ils se sont rendu compte qu’il y en avait dans le vestiaire. Du manque de loyauté, des ennemis du club, des ennemis du vestiaire. Et ça c’est terrible.»

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